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La résistance à la progestérone dans l'endométriose : quand l'hormone protectrice ne fait plus son travail

13 September 2025 by
La résistance à la progestérone dans l'endométriose : quand l'hormone protectrice ne fait plus son travail
Olivia BOULAIS
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L'endométriose est une maladie multifactorielle et complexe. Sa physiopathologie n'est pas encore complètement connue mais plusieurs théories existent. La théorie de Sampson en 1921 sur le reflux tubaire (le sang menstruel qui contient des cellules endométriales remonte par les trompes dans la cavité péritonéale) est aujourd'hui l'une des théories les plus connues.

Sauf que ce phénomène est présent chez plus de 90% des femmes menstruées. Or, 10% des femmes en âge de procréer présentent de l'endométriose (1). Cette théorie ne peut donc pas tout expliquer. Une hypothèse nécessaire mais pas suffisante ?

Depuis, la science a avancé et on en sait heureusement un peu plus sur les mécanismes de l'endométriose. La théorie de la résistance à la progestérone prend ses origines dans les années 80 via l'observation clinique : l'absence d'efficacité des progestatifs (2), mais sa confirmation en tant que mécanisme moléculaire plausible et théorie arriva début 2000 (3).


Avant de plonger dans ce mécanisme, un rappel s'impose : la progestérone, qu'est-ce que c'est ?

Produite en 2e phase de cycle, après l'ovulation et par le corps jaune, c'est l'hormone que fabrique le corps en vue d'une implantation et donc d'une grossesse. Comme les œstrogènes, la progestérone évolue de manière cyclique. Mais elle est bien plus qu'une simple hormone. Parmi ses fonctions :

  • Action anti-inflammatoire : elle calme l'inflammation chronique
  • Effet protecteur : elle limite la prolifération cellulaire excessive
  • Régulation de l'humeur : en tant que neurotransmetteur, elle influence notre bien-être
  • Préparation à la grossesse : elle prépare l'endomètre à une éventuelle implantation
  • Équilibrage des œstrogènes : elle contrebalance les effets prolifératifs des œstrogènes

" Si les œstrogènes sont le yin, la progestérone est le yang. "


Qu'est-ce qu'une résistance à la progestérone ?

C’est lorsque l'endomètre ne parvient plus à réagir à la progestérone. Si cette hormone ne peut plus se lier à ces récepteurs et induire ses fonctions, on perd alors tous les effets bénéfiques.


Comment sait-on si on a une résistance à la progestérone ?

Le principal indice ? Ce sont les femmes qui ne répondent plus aux traitements hormonaux à base de progestatifs, comme les pilules à base de progestatif seul ou œstroprogestatif, et qui sont censées réduire la douleur et d'autres symptômes de la maladie.

Mais il n'y a (actuellement) pas de marqueurs ou d'analyses permettant de diagnostiquer une résistance à la progestérone. C'est un diagnostic par déduction : on suspecte cette résistance quand les traitements hormonaux classiques échouent sans autre explication.


Mais qu'est-ce qui peut causer cette résistance ?

La littérature suggère : inflammation chronique, modifications épigénétiques, toxines environnementales, expression de gènes anormale, perturbation de signalement au niveau des récepteurs de progestérone, une perte de récepteurs de la progestérone (4,5).

Ces différents mécanismes peuvent agir seuls ou en synergie, créant un terrain favorable à cette "surdité hormonale" où l'endomètre ne réagit plus à la progestérone.Ces différents mécanismes peuvent agir seuls ou en synergie, créant un terrain favorable à cette "surdité hormonale" où l'endomètre ne réagit plus à la progestérone.


Peut-on agir sur cette résistance ?

Heureusement, oui ! L'alimentation, notre résistance au stress, notre environnement, nos traumatismes passés : ce sont autant de leviers avec un impact épigénétique mais aussi sur l'inflammation.

En nutrithérapie, on cherche à comprendre les causes, à comprendre les mécanismes physiopathologiques. Cette approche se distingue par sa volonté de remonter à la source du problème plutôt que de simplement masquer les symptômes.

En travaillant sur une alimentation personnalisée directement compatible avec les mécanismes de chacune, on peut avoir un impact ! Les leviers identifiés incluent :

  • L'alimentation personnalisée : adaptée aux mécanismes individuels de chaque femme
  • La gestion du stress : avec un impact sur l'inflammation et les modifications épigénétiques
  • L'optimisation de l'environnement : pour réduire l'exposition aux toxines qui perturbent le système hormonal
  • La prise en compte des traumatismes passés : leur influence insoupçonnée sur la physiologie et l'expression génétique
  • Etc.

Est-ce que ces solutions renverseront cette résistance à la progestérone ? Difficile à dire. 

Mais nous pouvons agir sur les mécanismes qui la favorisent et potentiellement améliorer la sensibilité des tissus à cette hormone précieuse.


Vers une compréhension plus fine de l'endométriose

La résistance à la progestérone ouvre une nouvelle fenêtre de compréhension de l'endométriose. Cette théorie, née d'observations cliniques dans les années 80 et confirmée scientifiquement au tournant des années 2000, nous aide à mieux saisir pourquoi certaines femmes ne répondent plus aux traitements hormonaux classiques.

Chaque femme étant unique, l'accompagnement se doit d'être personnalisé pour agir efficacement sur les mécanismes en jeu. Je suis convaincue que l'avenir de la prise en charge réside dans cette approche individualisée, qui considère chaque femme dans sa globalité : biologie, environnement, histoire personnelle et mécanismes physiopathologiques individuels.



Olivia nutrithérapie micronutrition endométriose

Hello, moi c'est Olivia ! 

Passionée et diplômée de science et santé intégrative !

J'aide les femmes atteintes d'endométriose à transformer leur fatigue et leurs douleurs pour retrouver un quotidien plus serein.


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Références

1. Halme J, Hammond MG, Hulka JF, Raj SG, Talbert LM. Retrograde menstruation in healthy women and in patients with endometriosis. Obstetrics and gynecology. 1984 Aug;64(2):151–4.

2. Vierikko P, Kauppila A, Rönnberg L, Vihko R. Steroidal regulation of endometriosis tissue: lack of induction of 17 beta-hydroxysteroid dehydrogenase activity by progesterone, medroxyprogesterone acetate, or danazol. Fertil Steril. 1985 Feb;43(2):218–24.

3. Attia GR, Zeitoun K, Edwards D, Johns A, Carr BR, Bulun SE. Progesterone Receptor Isoform A But Not B Is Expressed in Endometriosis1. J Clin Endocrinol Metab. 2000 Aug 1;85(8):2897–902.

4. Tang H, Lin T, Wu M, Tsai S. Progesterone resistance in endometriosis: A pathophysiological perspective and potential treatment alternatives. Reprod Med Biol. 2024 Jan 7;23(1).

5. Zhang P, Wang G. Progesterone Resistance in Endometriosis: Current Evidence and Putative Mechanisms. Int J Mol Sci. 2023 Apr 10;24(8):6992.

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